Natacha Waeber gère les finances et les ressources humaines chez Waeber HMS.

LA PLACE DES FEMMES DANS LES ENTREPRISES HORLOGÈRES

TOUR D’HORIZON DANS LE VAL-DE-TRAVERS

Globalement, les femmes sont de plus en plus présentes et leurs qualités sont reconnues. Mais il y des nuances selon la taille des entreprises et leurs spécificités.

Natacha Waeber fait figure d’exception. Cette mère de famille volontaire possède, avec son frère Laurent, une entreprise d’une centaine de personnes où elle dirige les ressources humaines et les finances. Elle y est membre du conseil d’administration et du conseil de direction, mais elle a bien conscience que sa situation est particulière du fait que cette entreprise est familiale. Son père a créé Waeber HMS à Fleurier avec ses deux enfants en 2001. Natacha a donc immédiatement été impliquée financièrement et dans les prises de décisions importantes au sein de cette manufacture d’aiguilles de montres, ce qui n’est de loin pas la règle dans les autres entreprises horlogères, dans le Val-de-Travers et ailleurs.

Pourtant, les voix sont assez unanimes quand il s’agit de souligner les qualités des femmes dans ce secteur d’activité. On leur prête un plus grand sens de l’organisation, davantage d’aptitudes pour la diplomatie, plus d’habileté dans le cadre de tâches répétitives et minutieuses. On les retrouve beaucoup dans les ateliers de décoration par exemple, sans parler des ressources humaines et surtout de la communication qui constitue un réel bastion féminin. Est-ce une volonté ? Plutôt un hasard, nous dit-on, en fonction des affinités. Même si d’aucuns reconnaissent que certains stéréotypes sont encore bien ancrés malgré un changement dans les mentalités actuelles. Les femmes seraient plus flexibles aussi, « elles n’ont pas peur du regard d’autrui concernant la masculinité de leur activité, affirme une responsable RH, au contraire d’un homme qui peut souffrir vis-à-vis de sa virilité ».

C’est un fait, le monde du travail se féminise. L’horlogerie suit cette tendance, « à part dans les postes où il faut travailler sur des machines à commande numérique par exemple, les formations qui mènent à ça n’attirent généralement que des hommes ». Certains remarquent une évolution au niveau des places d’apprentissage, qui attirent de plus en plus de candidates, notamment en micromécanique. Globalement, parmi les personnes qui postulent au sein d’une entreprise horlogère au Vallon, il y a de plus en plus de femmes. Mais pas pour les postes à responsabilités nous a-t-on précisé plusieurs fois. La preuve, peut-être, d’un manque de confiance en soi.

Waeber HMS est un cas particulier dans ce paysage, puisque les femmes y représentent plus de 67% de l’effectif. En production, des métiers ne sont exercés que par des femmes. « C’est un hasard plus qu’une volonté, explique Natacha Waeber. Il y a très peu d’hommes qui postulent lorsqu’il faut réaliser des gestes répétitifs, très peu d’hommes qui sont intéressés par ces postes dont les exigences sont axées sur la dextérité, la minutie, la patience et la concentration ». Est-ce aussi parce que de tels postes ne permettent pas de prétendre à un gros salaire ? « C’est possible. C’est comme le temps partiel qui, chez nous, est presque uniquement pratiqué par les femmes ».

Natacha Waeber a une vision plutôt progressiste. « La réussite d’une entreprise passe aussi par une mixité à tous les niveaux, le sexe, l’âge, les compétences. La complémentarité est positive et fructueuse. Et le bien-être des collaborateurs est vecteur de performance ». Mais l’ambitieuse directrice RH et finances reconnaît qu’il faut du temps pour que les choses évoluent. « Sur le marché du travail, on demande à une femme qui brigue un poste à responsabilités comment elle compte concilier vie professionnelle et familiale, ce qu’on ne demande jamais à un homme ».

Par Marylise Saillard