Un délicat bouquet sur une pendule Jeanjaquet.

ZÉLIE-CÉLESTINE BOREL ET EMMA JEANJAQUET

PEINTRES EN CABINETS DE PENDULES

Au cours des siècles, la pendule neuchâteloise a revêtu une variété infinie de robes fleuries privilégiant la rose dans toutes les phases de sa floraison. Evoquant certains motifs des indiennes de notre pays, ces délicats semis sont l’œuvre de mains habiles qui demeurent anonymes : elles furent très souvent féminines.

Bien qu’une pendule porte parfois la signature de la personne qui a réalisé l’essentiel de son mécanisme, c’est-à-dire le pendulier, elle est le fruit de la collaboration de différents corps de métiers. Parmi ces artisans figurent les spécialistes des divers composants du mécanisme ainsi que l’émailleur, le fabricant d’aiguilles et graveur, le fondeur, bronzier et ciseleur, le menuisier-ébéniste, sans oublier le peintre et doreur.

Au Vallon, deux femmes se sont distinguées dans cette dernière profession : Zélie-Célestine Borel (1823-1909), à La Roche-sur-Couvet, et sa petite-cousine Emma Jeanjaquet (1888-1973), à Fleurier, toutes deux filles et petites-filles de penduliers renommés.

Les cabinets « en blanc » leur étaient livrés par des ébénistes de la région. Elles apprêtaient le bois puis rehaussaient lignes et galbes à la feuille d’or. Nos artistes élaboraient les couleurs et vernis selon leurs propres recettes et les appliquaient en couches successives, chacune exigeant un patient séchage et un méticuleux polissage.

Zélie-Célestine Borel se spécialisa dans les motifs floraux exécutés au blanc de céruse (un pigment à base de plomb) sur fond noir, à l’inverse d’Emma Jeanjaquet, qui reproduira des fleurs polychromes sur fond clair. La surface offerte par la console permettait à leurs pinceaux de s’exprimer en de généreux bouquets épanouis dans des vases antiques, succédant aux scènes de chasse et pastorales du siècle précédent. Le cabinet était alors prêt à accueillir le cœur de la pendule, réalisé avec tout autant de soin : le mécanisme.

Par Ariane Maradan