Concilier ménage et travail, un autre modèle de société

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LES PIONNIÈRES DU TEMPS

L’horlogerie serait-elle une affaire d’hommes ? Bien que les femmes aient depuis toujours pris part aux activités horlogères, que ce soit à domicile, au sein de comptoirs ou dans les fabriques, le mot « métier » s’est généralement accordé au masculin singulier et le mot « tâches » au féminin pluriel…

Mais qui étaient ces femmes ? Quels travaux leur étaient confiés ? Leur activité était-elle valorisée ? Représentait-elle une nécessité financière pour le couple ou la famille, ou correspondait-elle à une volonté d’autonomie voire une recherche d’accomplissement personnel ? Comment ces ouvrières organisaient-elles leurs longues journées ? Parvenaient-elles à trouver un équilibre entre l’atelier et le foyer, leur époux et leurs enfants ?

Pour tenter de répondre à ces multiples interrogations, l’historienne et sociologue Stéphanie Lachat s’est astreinte à un travail considérable de recherche, de collecte de données et de chiffres, ainsi que d’analyse, dans le cadre de la préparation de sa thèse. Celle-ci a été couronnée par le Prix Universal 2014 de la meilleure thèse de doctorat de la Faculté des sciences économiques et sociales de l’Université de Genève.

Depuis la transition du système de l’établissage au modèle d’industrialisation jusqu’à la veille de la grande crise horlogère, l’auteure nous offre une étude dense et inédite sur la place de la femme dans l’histoire de l’horlogerie suisse. Avec un éclairage particulier sur l’entreprise Longines, à Saint-Imier, sur la période des Trente Glorieuses et sur les « petites mains » de nationalité italienne.

Les pionnières du temps : Vies professionnelles et familiales des ouvrières de l’industrie horlogère suisse (1870-1970) – Stéphanie Lachat – Collection « Histoire et Horlogerie » – Éditions Alphil – Presses universitaires suisses, Neuchâtel, 2014 – 452 pages, quelques illustrations, nombreux graphiques, tableaux et annexes

Par Ariane Maradan